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Histoire de Saint-Louis

La découverte de Ndar par Louis Caullier

"On peut affirmer que les premiers habitants qui fréquentèrent cette partie de la côte africaine furent les français, et, sans doute, les hardis marins dieppois", écrit Jules Verne à propos du Sénégal, dans sa "Géographie illustrée de la France et de ses colonies ". Il existe peu de documents pour étayer la thèse de l'écrivain; mais elle est appuyée par Léopold Sédar Senghor en personne. Certains récits situent la découverte du Cap-Vert par les marins normands en 1364 ou 1365 un siècle ou presque avant l'arrivée des portugais. Au Sénégal, les navigateurs dieppois auraient fait provision d'ivoire. Par la suite, Dieppe s'illustra dans le travail de cette substance.


A la recherche d'une nouvelle route des épices, les caravelles portugaises arrivent à Gorée en 1445. C'est un tournant décisif dans l'histoire du Sénégal et du continent africain. Alors déserte, cette île offre un mouillage très sûr face à un littoral dangereux. Les Portugais en feront un port d'accueil privilégié pour leurs vaisseaux en route vers les Indes et l'Amérique du Sud. jusqu'alors, les grands échanges commerciaux que connaissait l'Afrique s'effectuaient par les pistes transsahariennes. Elles perdront leur importance avec les nouveaux arrivants, qui leur substitueront des voies maritimes. Les hollandais occupent gorée. L'Atlantique est de plus en plus fréquenté.


A la recherche de nouveaux débouchés commerciaux, les français remontent le fleuve Sénégal, les anglais s'aventurent en Gambie. Les uns et les autres témoignent des mêmes ambitions d'hégémonie.
En 1638, un navigateur francais dénomé Lambert fait installer une habitation sur l'île de Bocos au milieu du fleuve Sénégal.
En 1659, un autre normand ; Louis Caullier, décide de déplacer cette habitation vers une autre île : Ndar.

Plus proche de l'océan et mieux protégée des crues, elle constitue de plus un site stratégique quasi imprenable. Grâce au fleuve, elle se place en bon point de départ pour toutes sortes d'expéditions vers l'intérieur des terres. Un poste de défense y est donc édifié à l'emplacement de l'actuelle Gouvernance. Ce poste se transforme ensuite en comptoir colonial fortifié comprenant esclaveries, magasins, cuisines, prison, chapelle, casernements, cimetière et jardins potagers. Par soucis de sécurité, les premiers établissements sont construits à proximité du fort.
L'île est baptisée Saint-Louis-du-Fort en hommage au jeune Roi français de l'époque, Louis XIV.

Saint-Louis du Sénégal, carrefour économique

De 1664 à 1674, la Compagnie française des Indes occidentales eut le monopole, accordé par Colbert, de l'exploitation des domaines africains et américains du royaume de France. Son nom évoque la magnifique épopée de la marine à voile, mais aussi une superbe réussite commerciale, parfois due à des aventuriers sans scrupules. La Compagnie française des Indes occidentales est née à Saint-Louis. Elle s'appela d'abord Concession royale du Sénégal. Elle avait pour objet l'échange de tissus, verroterie, fer venus de France, contre ivoire, poudre d'or, huile, de palme et gomme produits par le Sénégal. Les esclaves servaient aussi de monnaie d'échange. Très vite, la Compagnie réalisa des bénéfices considérables, assurant ainsi le développement et la prospérité de la cité, et notamment des métisses les Signares.

Saint-Louis devient alors un carrefour des routes atlantiques, sahariennes et soudanaise et permet l'intensification de l'exploitation de l'or de la région du Gatam (ou Ngalam ?), de la gomme arabique des steppes sahéliennes, de l'ivoire des suranes soudaniennes... Et aussi de la traite des noirs.

Durant la période 1659-1779, neuf compagnies commerciales vont se succéder. Les plus connues sont la compagnie du Cap vert et Sénégal, la compagnie des Indes occidentales… La population de l'île atteint environ 10.000 habitants et de nombreux mariages entre français et femmes affranchies promettent une descendance métissée qui peu à peu constituera une élite fortunée. Saint-Louis est le principal établissement français de la côte occidentale mais reste jusqu'à la nomination du premier Gouverneur du Sénégal Lauzun en 1779 un comptoir commercial jugé marginal par les grandes compagnies présentes sur les lieux. De 1822 à 1827 le baron Roger, fait construire l'immeuble de la maison de commerce "Maurel et Prom" qui demeura longtemps, le bâtiment le plus imposant de la colonie. Il édifia également l'actuelle cathédrale qui est la plus ancienne du Sénégal.

Saint-Louis du Sénégal, capitale politique

Le 13 septembre 1827, le fort devient l'hôtel du gouvernement. En 1840 Le premier conseil général est créé. Jusqu'alors carrefour économique, Saint-Louis devient alors capitale politique du Sénégal.

En 1848, l'abolition de l'esclavage conduit la France à douter de l'utilité de conserver ses deux bastions sénégalais : l'île de Gorée et la ville de Saint-Louis. Mais la politique expansionniste de l'Angleterre amène le gouvernement de Napoléon III à écarter l'idée d'abandon

Louis Faidherbe, officier du génie sorti de Polytechnique, devient gouverneur de la colonie en 1854. Le pays se caractérise alors par des luttes intestines. Avec une poignée d'hommes et un matériel militaire réduit, Faidherbe entreprend sa réunification. A Saint-Louis il entreprend la jonction de l'ile aux deux rives du fleuve.

Enfin, il passe à une attitude de conquête territoriale en direction notamment du Walo (annexé en 1858), du Fouta, du Djoloff et du littoral. En 1872, la ville est érigée en commune de plein exercice.

L'Apogée et le déclin de Saint-Louis du Sénégal

Point de départ de toutes sortes d'expéditions à travers l'Afrique noire, Saint-Louis est à cette époque le cœur de la colonie du "Sénégal et dépendances", capitale de la colonie du Sénégal et enfin en 1895 capitale de l'Afrique Occidentale Francaise soit quatre territoires : le Sénégal, le Soudan (Mali), la Guinée et la Côte d'Ivoire. C'est une période exceptionnelle pour Saint-Louis. Capitale du Sénégal et de l'AOF, centre de rayonnement de l'instruction et de la culture francaise mais aussi capitale de la douleur, de la traite et de l'esclavagisme car comptoir relais entre l'intérieur du pays et l'exportation vers les Amériques des esclaves venus de la Faleme et du haut Sénégal.

En 1902, sept années plus tard, la fonction de capitale de l'Afrique Occidentale Française est perdue.
Travaux au port de Dakar, la ville devient la plaque tournante de la colonie.
En 1914, un Noir représentant le Sénégal siège, pour la première fois, au Palais-Bourbon : Blaise Diagne. La situation sanitaire s'améliore, les structures sociales animistes disparaissent au profit de l'islam. L'école William-Ponty, à Sebikhotane, forme une véritable élite sénégalaise : dès le premier quart du XXème siècle se dessine le Sénégal d'aujourd'hui, tandis que s'amorce le réveil de l'Afrique.

Dès 1944, le général de Gaulle profite de la conférence de Brazzaville pour parler d'indépendance au Sénégal. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'importantes mutations s'annoncent. Déchirée par deux guerres, empêtrée dans les conflits indochinois puis algérien, victime d'un système politique à bout de souffle, la France a perdu beaucoup de son autorité et de son prestige. La route de la décolonisation est ouverte. Au Sénégal, elle se réalisera autour d'une personnalité d'exception : celle de Léopold Sédar Senghor. Le 25 novembre 1958, la République sénégalaise, membre de la Communauté française, est proclamée.

Durant la premiere partie du siècle dernier, la vie politique nationale sera essentiellement animée par des Saint-Louisiens tels que François Carpot, Lamine Gueye, Dugay Cledor et Galandour Dion. Néanmoins, le debut du XXième siècle est aussi le début du déclin de Saint-Louis et de l'émergence de Dakar. Le titre de capitale du Sénégal est finalement ravie par Dakar en 1958.

L'esclavage à Saint-Louis du Sénégal

Pour la première fois en 1441, des Portugais capturèrent et emmenèrent en Europe des Africains pour les vendre comme esclaves. C'était le commencement de la traite négrière qui allait, pendant quatre siècles, entraîner la déportation d'environ douze millions d'Africains outre Atlantique. Ce fut un des volets du commerce triangulaire : des bateaux quittaient l'Europe, chargés de ce que l'on appelait globalement de la pacotille (tissus, barres de fer, armes et munitions, alcool, verroterie, etc). Sur la côte africaine, celle-ci était échangée contre des esclaves qui étaient revendus sur les marchés des Amériques et des Caraïbes pour travailler dans les plantations de canne à sucre, de coton ou de café et également dans les mines. Ce sont ces derniers produits que les navires négriers rapportaient en Europe au terme de leur fructueux voyage. Assez rapidement, les chefs africains virent l'avantage à tirer de ce trafic et firent des razzias ou des guerres pour prendre chez leurs voisins plus faibles des esclaves à vendre aux négriers.

Durant le XVIème siècle, les Portugais restèrent presque les seuls à pratiquer ce commerce. Au cours du siècle suivant, les Français, les Anglais et les Néerlandais s'y lanceront à leur tour, provoquant un accroissement important du volume de la traite

Le XVIIIème siècle est la période au cours de laquelle la traite atlantique fut la plus intense. Saint-Louis joua le rôle de centre de transit dans l'acheminement des esclaves de l'intérieur en direction des amériques. Les études les plus récentes estiment à environ 10 000 hommes par an le nombre des esclaves transitant par l'île au XVIIIième siècle. Au plus fort de la traite, près de 150 esclaves transitaient dans les captiveries. Une seule existe toujours, celle située au Rez de chaussée de l'entrepôt Maurel et Prom. Elle est constituée de deux rangées de cellules exigües et sombres.

La traite entraîna de profondes transformations politiques et sociales au Walo, au Fouta Toro, au Cayor et au Baol. Dans le Sine, les autorités ne se livrèrent pas en dehors des guerres à un commerce très actif. En basse Casamance, les Diola et les Balant y étaient opposés.

Parallèlement a l'activité de transit des esclaves pour les amériques, Saint-Louis a developpé une forme particulière d'esclavage, la servilité domestique. Chaque famille disposait de quelques esclaves affectés aux tâches domestiques et aux activités économiques. Ainsi naquit une société esclavagiste dont la prospérité reposa longtemps sur le travail d'une masse de " captifs de case " qui ont la plupart du temps dominé en nombre les hommes libres. Le décret du 27 avril 1848 mit fin a l'esclavage mais la " captivité de case " demeura jusqu'au milieu du siècle dernier.

Au XVIIII, siècle, les principaux ports négriers européens étaient Liverpool (le plus important de tous) et Bristol en Angleterre. Nantes et le Havre en France, Middelbourg et Amsterdam aux Pays Bas. Dans les archives du port de Nantes, se retrouvent des traces de 877 campagnes négrières qui se déroulèrent entre 1707 et 1793 et au cours desquelles 294.489 esclaves furent embarqués. En moyenne, chaque navire transportait 336 esclaves. Le mouvement abolitionniste s'imposa au XIXème siècle, conditionné, sinon dicté, par la révolution industrielle. La traite atlantique fut en principe interdite en 1807 par l'Angleterre et, dès 1808, des bâtiments de la Royal Navy patrouillent le long des côtes africaines afin d'empêcher la traite clandestine. L'abolition devient un fait dans les colonies anglaises en 1833. Entre-temps, la République de Libéria s'était constituée sur la côte ouest africaine à partir de 1821.

Pour la France, Napoléon signa le décret du 29 mars 1815 abolissant la traite, mais elle continua clandestinement pendant une bonne partie du XIXème siècle. L'esclavage proprement dit fut aboli dans les territoires français en 1848.

La traite transsaharienne avait commencé beaucoup plus tôt, sans doute dès le VIIIème siècle. Elle alimentait les caravanes qui traversaient le Sahara et qui remontaient vers le nord en emmenant des esclaves originaires du sud du Niger. Du Maghreb, les caravaniers partaient avec des dattes, des verroteries, des bijoux, des tissus. A mi-parcours, ils s'arrêtaient dans les gîtes d'étapes connus dans le Sahara pour se procurer de l'eau, du sel et du cuivre. L'ensemble de ces produits étaient échangés au Soudan occidental contre de l'or, des esclaves et de l'ivoire. Les esclaves séjournaient quelque temps au sud du Maroc pour être en bonne condition au moment de leur vente sur les marchés du Maghreb et du Moyen -Orient

L'importance de cette traite est estimée à treize millions de personnes environ, sur une durée bien plus longue. Les esclaves étaient destinés à des emplois domestiques (serviteurs, concubines, eunuques), militaires dans les plantations (cannes à sucre, dattiers cacaoyers girofliers cotonniers) et au travail dans les mines de cuivre, de sel ou d'or.
Au XIXème siècle la traite arabe sur la côte orientale de l'Afrique a pris le relais de la traite transatlantique, pour atteindre son paroxysme entre 1880 et 1890. Zanzibar en fut la plaque tournante. Cette tragique exploitation donna aux pays européens un prétexte d'intervenir en Afrique centrale et orientale et tenter de mettre fin à ce trafic. Ils n'y réussirent jamais complètement.

Jean Mermoz et l'aéropostale

Passionné par l'aviation, Jean Mermoz s'engagea en 1920 dans l'armée de l'air. Pilote breveté en 1921, il fut dépêché en Syrie où son courage et sa grande maîtrise de l'air lui valurent plusieurs citations..
Démobilisé en 1924, il entra au service de la société Latécoère et fut affecté à la ligne Toulouse - Barcelone - Alicante..
En 1925 il vola sur la ligne Casablanca-Dakar.

Le 10 mai 1927, il inaugurait la ligne Toulouse-Saint-Louis du Sénégal sans escale. La même année il fut chargé par la compagnie générale Aéropostale d'assurer la ligne Buenos Aires-Rio de Janeiro.
Le 12 mai 1930, à bord d'un hydravion "Latécoère 28" baptisé "Le Comte de la Vaulx" il réalisa pour la première fois en une vingtaine d'heures la liaison Toulouse - Saint-Louis - Natal au Brésil, transportant 130 kg de courrier.
Rapidement, les 13 400 km séparant Toulouse de Santiago du Chili furent parcourus en un peu moins de 109 heures dont 20 heures d'escale.

Le 16 janvier 1933 il relia Dakar à Natal à la vitesse moyenne de 227 km/h. Après un dizaine de traversées de l'Atlantique Sud, Jean Mermoz décolla de Dakar le 7 décembre 1936, à bord de "La Croix du Sud". Quelques heures plus tard, on capta le message radio suivant, "Coupons moteur arrière droit". Rien ne fut retrouvé de "la Croix du Sud".